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anglais?

Piraterie en 3200

Cet essai est une fiction, mais il est basé sur un postulat réaliste : la dictature scientifique militaire, à travers une planification centrale, suivra toujours un certain schéma. Cela peut s'exprimer par une sinusoïde, de nature fractale, qui traverse le temps et dont les pics et les creux représentent des phénomènes distincts et facilement reconnaissable : des batailles, des guerres, des tensions politiques, des crises économiques, tous les hauts et les bas qui se retrouvent dans l'histoire écrite de l'humanité. Et donc voilà, un peu plus de connaissance "expansionniste" dans l'Univers de Braben-Heinlein. Pour les aspects militaires et économiques, voir Les flottes militaires en l'an 3200 et L'économie en l'an 3200.

Les communications ont connues leurs premières heures électroniques au 19ème siècle. Les superpuissances de l'époques ont déployé des réseaux sans fils à travers les océans pour les aider à conquérir le monde. L'ère numérique est arrivée au 20ème tandis que les communications dites abstraites ont fait leur apparition au 21ème siècle. A chaque fois, c'était réservé aux élites militaires qui se passaient des messages ou qui envoyaient des ordres. Au nom de la vanité, ils ont recherché des technologies ecore plus performantes pour aboutir à la communication inter-systèmes. A l'aube du 33ème siècle, en solidarité avec les colonies frontalières technologiquement laissées pour compte, certains diplomates de haut rang sont revenus à la correspondance manuscrite, inversant ainsi le processus. Ils considéraient les communications abstraites comme un signe de décadence, particulièrement quand les drogues ou l'électronique appliquée à la chimie du cerveau été utilisées. Ils écrivaient des lettres et les envoyaient par messagers jusqu'à leur destination. Mais il y avait un problème : l'état des entrepôts et des méthodes de stockage était tel que cela n'était pas infaillible comme l'étaient les données, abstraites ou autres. Les archives centrales ont été ravagées de nombreuses fois et les documents physiques sont rares dans les colonies. Même si on prenait une vingtaine de monde, nul ne pourrait trouver de copieur, de presse, d'imprimante 3D ou quoique ce soit d'autre. Le manuscrit suivant m'est parvenu incomplet mais à en juger par sa nature (des textes courts imprimés sur du papier bas de gamme provenant des stocks impériaux), ce n'est qu'une simple copie d'une série de lettres envoyées par un habitant de Sol à un habitant de Achenar, certainement dans la capitale impériale. L'impression n'était que simple égoïsme car le message pouvait facilement être envoyé par antenne relais en un instant, ou plus rapidement en utilisant de la télépathine. Et malgré tout, il semble qu'un certain commandant, dont le rang et le statut ont souvent changé, préférait la gloire de la remise en main propre, et sans aucun doute employait-il doute un jeune pilote pour délivrer ses messages. Et qu'en est-il de l'homme de l'Empire qui écrivait les réponses ? Il envoyait envoyait ce simple manuscrit par Imperial Courier : sa réponse. Une grande partie a été perdue et le coffre qui en contenait une copie a été détruit non pas par une invasion barbare mais par les gouvernement successifs. En effet, ils voudraient conserver l'idée que l'homme commun a toujours été illettré et ce depuis les débuts de l'histoire. Malgré tout, même le plébéiens le plus pauvre de la Achenar impériale est perspicace, psychique et totalement conscient de soi. Et encore, la main destructrice de leur gouvernement ne s'étend pas au delà de Vequess (-1,-4) où les feux lancés pour détruire les différents espaces de stockage ont été éteint aussitôt que les officiers sont passés en hyper-espace. Malheureusement, les noms des hommes impliqués n'ont pas survécu. Le manuscrit commence abruptement avec :

Je suis toujours surpris par le nombre de vaisseaux pirates que j'ai abattu. Parfois, ils étaient quatre ou cinq, même au sein des systèmes centraux ! Que dire alors d'un endroit comme Riedquat où il n'est pas rare d'en trouver cinquante ou plus en sortant de l'hyper-espace. Et même un système déserté comme Vaereth (0,-5)(i.e. au sud-ouest de Facece) se voit occupé par trois ou quatre vaisseaux pirates qui essayent de ne pas attirer l'attention et les tirs de laser.

Vous avez mis le doigt dessus. L'une des plus grande erreur de notre époque de Modernité Tardive est de considérer que les systèmes de bordure ne sont que des terres désolées et un espace vide. Les étudiants des académies de Mars sont d'accord avec leurs équivalents travaillant pour l'ancienne dynastie de Duval et tous affirment que leurs planètes respectives sont au centre de tout ce qui a été et de tout ce qui est, qu'elles sont au sommet technologique et que leurs éclats s'affaiblit à chaque année lumière jusqu'à trouver, au delà des rayons d'actions des vaisseaux de reconnaissance, un système connu sous le nom de Riedquat. Ils assument que ce système est vide, car qu'est ce qui pourrait maintenir une vaste population de pirates ? Un pilote, un bleu, y fait un saut hyperspatial chaque semaine et, à chaque fois, le rapport est le même. En fait, le vaisseau de reconnaissance HIMS Drusilla de la Flotte Impériale s'est détourné du tracé original de sa mission juste pour observer les points de sortie hyperspatial les plus utilisés. Le nouveau système informatique à bord de ce petit vaisseau a pu calculer avec une grande précision, en se basant sur toutes les variables connues du temps et de l'espace, ce qui se passerait. Et c'est souvent ainsi. [Ce qui suit a été intercepté et constitue un 'dernier message' à transmettre au plus proche destinataire[1]. Le pilote est peu surpris de se trouver attaqué. Il a sans doute choisi un laser à pulsion à cause de restrictions de budget ou, plus probablement parce qu'il se pensait en sécurité.]

Mon cher ami ! Je dois t'écrire rapidement parce que je viens de recevoir une alerte d'attaque. Pas un vaisseau, mais cinq ! Et je n'ai qu'un laser à pulsion - ô joie. Je pense que je vais essayer d'en emmener un avec moi et ensuite, ce sera Bonne nuit Venise ! Je t'ai toujours bien aimé, promet-moi que tu ne dormiras pas avec ma femme. Et puis, au diable ! Ne me promet rien !

Le système à bord du Drusilla a prédit, avec une précision de 95%, le type des vaisseaux et le genre des pilotes rencontrés, ainsi que le nombre qu'il a pu abattre : deux. Un à coups de laser et l'autre en l'éperonnant.[2]

Alors, pourquoi y a-t'il autant de pirates dans des systèmes tels que Riedquat ? L'instruction civique d'un citoyen du 33ème siècle est la même qu'au 23ème ou au 13ème siècle, que ce soit sur Terre, sur Mars ou encore sur Topaz. Les hommes de ces planètes ne souhaitent pas se battre pour leur liberté, et sont donc incapable de combattre les vétérans aguerris pour qui la piraterie est un mode de vie. Ces vétérans, de vrais euphémismes vivants, ont pris le contrôle des colonies fédérales extérieures les plus prospères, que ce soit par force ou par ruse. Les hommes des systèmes centraux, les indolents, les asservis et le reste de la plèbe ? Comment dire ? Eh bien, ils sont atteint d'une servitude religieuse. Pour maintenir un haut niveau de vie sans se battre ou travailler plus efficacement, ils se reposent plutôt sur l'autorité historique que sont les gouvernements de Mars et de la Terre. C'est ainsi, par exemple, que Sirius a été persuadé d'approvisionner les systèmes centraux en carburant militaire et civil[3], le reste de l'humanité devant payer pour se fournir car des lois interdisent la production de carburant sur toute planète autre que Sirius.[4]. Naturellement, la Marine Impériale possède ses propres installations et l'échange de carburant à travers la frontière est si rare qu'il n'a jamais été enregistré (l'hydrogène est, comme vous le savez, omniprésent et l'équipement permettant de l'écoper peut s'acquérir à peu de frais). En effet, l'homme du 33ème siècle est bien différent du Romain du 4ème siècle : il médite sur ses croyances et voue une révérence propre à un Dieu à une superpuissance qui aurait la responsabilité de son être, dans cette vie comme dans la suivante. Il n'y a pas besoin de se battre ou de lutter dans cette vie car le paradis nous attend dans la suivante ! Le résultat est finalement le même. Avec la densité des connexions augmentant, la tendance et l'aspiration à la paix a fait de même. Les hommes des systèmes centraux ont baissé les bras et cessé de dominer leurs femmes. En revanche, les barbares sont une fois de plus aux portes. Des siècles après avoir vaincu la race Arachnide et au milieu d'un répit dans la guerre contre les Thargoids, la plus grande menace sur la domination fédérale de l'espace est constituée des vétérans qu'ils ont utilisé pour le coloniser. Ils sont puissants, courageux, détermines et ils ont conservé l'esprit Terran, celui de saisir l'histoire humaine et de la porter au sommet. Utilisant leur puissance et leur soif de technologie, ils ont déployé de nombreuses escadres capables de mener des opérations tactiques à longue portée. Ces escadrilles sont soit-disant appelées les flottes de l'espace bleu[5]. Mais revenons au coeur du problème : qu'est ce que la piraterie et pourquoi est-elle si commune en 3200 ?

Nous ne devons pas tenir compte de la nature de la définition et assumer que la piraterie est une chose négative est destructrice. Néanmoins, il faut garder à l'esprit que ce sont les puissances armées des gouvernements qui sont les pires pirates comparées à l'ensemble des pilotes indépendants, même en tenant compte des pires crapules. Les versions actuellement en vente de l'histoire écrite, même dans l'ancienne bibliothèque d'Alexandria[6], n'explique pas le cheminement réel de la colonisation humaine. Pour ne pas subir la honte de le défaite, les propriétés les plus éloignées de la Fédération et de l'Empire sont confortablement englobées dans ce qui est habituellement appelé, depuis quelques sept cents and, les colonies intérieures. Seules quelques sociétés secrètes savent que les souches du blé cultivé aujourd'hui en Egypte ont en réalité été importées de Roku San. L'Egypte a été une fois le grenier blé de l'humanité, bien avant la guerre contre les arachnides. Pour les masses et les étudiants gardés artificiellement occupés, l'origine de ce blé reste la source de spéculations divertissantes, parfois plus étranges que la vérité elle-même. Quelle est cette vérité ? La vérité est que, comme défini par le gouvernement, un citoyen en possession d'un vaisseau armé est un pirate potentiel. Du point de vue du pirate, tout le monde est soit un pirate, soir une victime. De vous à moi ? Eh bien, le bâtard qui tire son laser à rayon dans votre direction est le pirate. Souvenez-vous bien de ceci mon cher ami, bien que je ne doute pas que vous soyez bien au fait de ce qui concerne les exécutions à distance. Ne pas tirer le premier était peut-être votre intention. Quel chemin parcouru depuis votre premier saut spatial vers l'étoile de Barnard ! Vous avez ensuite pris votre courage à deux mains pour sauter vers Leesti ou Lave, puis un pirate vous a attaqué et fut facilement défait. Et vous avez certainement conclu, comme je l'ai fait, qu'il valait mieux tirer avant pour contempler ensuite la vitesse et la surprise qui caractérisent les opérations pirates. C'est devenu une question de survie et vous êtes devenu tellement habitué à garder votre doigts sur la détente que c'est maintenant inconscient. Parfois, vous avez tué un innocent, par accident. Vous vous direz que sa trajectoire de vol était menaçante mais quand vous pillerez son épave, vous aurez franchi la ligne qui sépare le pirate de l'homme civilisé. Vous serez alors un barbare et seul l'engagement dans la marine pourra vous apporter votre lot de massacre et de pillage.

Comment est-ce que cette anarchie est arrivée ?

Pour comprendre comment nous en sommes arrivés à une population majoritairement pirate dans certains systèmes indépendants, il faut savoir que la prospérité promise par les avancées en nanotechnologie et en machinerie a été vite balayée une fois les vaisseaux de patrouille partis. Dans le même temps, au sein de la Fédération, les compagnies de transport gardaient le monopole sur les voyages à longue distance et interdisaient ainsi le trajet à des criminels. Il en va autrement dans l'Empire. Comme je le disais lors de notre dernier échange, l'Empire est un colosse lâche et en faillite. Il commence par extraire les ressources de ses nouvelles colonies - un viol minier - et il s'en sert ensuite comme d'un tremplin pour les acquisition future. Une fois les ressources épuisées et la colonie implantée au sein du territoire impérial, elle n'est plus utilisée que comme camp d'internement pour les criminels, les esclaves et les rebelles dont le recrutement ne vaut pas l'investissement. Ces hommes sont tellement fiers et leurs connaissances des méthodes militaires est telle q'ils préfèrent se battre que s'enrôler. Maintenant, il faut aussi garder en tête que le gouvernement central contrôle tous les convois en partance pour les colonies. Et plutôt que d'être strict sur les contrôles comme la Fédération, tous les passagers sont les bienvenus pourvu qu'il apporte sa propre nourriture et qu'il n'est pas contre les bains communautaires. Un certain volume est gardé libre en soute car sur le chemin, le transporteur est légalement obligé de s'arrêter sur certaines planètes pour embarquer les criminels qui ne peuvent pas être mis en prison ou que la marine ne peux pas utiliser.

Mais, vous entends-je hurler, pourquoi l'armée ne lobotomise ou drogue pas ces hommes pour les embaucher ensuite comme travailleurs ou même en faire des esclaves ? La réponse est complexe. Comme je l'ai déjà évoqué, les autorités impériales ne peuvent pas, ou ne veulent pas s'encombrer de la protection de leurs nombreuses colonies. Mais d'un autre côté, ils ne veulent pas non plus que quelqu'un possède un quelconque pouvoir sur ces colonies. Du coup, ils y installent le surplus de population en s'assurant d'y envoyer les éléments les plus violents et les plus rétifs de la société. Les avantages sont nombreux : de tels hommes livrés à eux-mêmes sont durs à la tâches et en une génération ils peuvent prendre le ciel à bord de vaisseaux construits à partir de pièces pillées de part et d'autres sur la planète. Ils peuvent alors aller récolter des minerais dans l'espace car la politique même de l'Empire fait que la planète est vide de ressources. De plus, ces nouveaux pirates patrouillent et protègent leur système, économisant ainsi à la marine les moyens de le faire. Quand ils deviennent trop nombreux et qu'ils empiètent un peu trop en dehors d'une zone de tolérance, eh bien le tir au pigeon est à l'ordre du jour. Les officiers impériaux ont tous deux tableaux de chasse différents : un fédéral et un pirate, ce dernier étant largement le plus fourni des deux.

Qu'en est-il pour les familles et les pauvres âmes cherchant à tout prix à échapper à la vie rigide du centre de l'Empire ? Eh bien c'est aussi simple que s'endurcir ou mourir. Pour le colon, c'est tout autre chose malgré le nombre de passagers qui joue en leur faveur. Une planète lointaine, hors de portée de la police et de l'armée, n'a pas besoin des faibles et des crétins. Pour les jolies filles, c'est différent : la chevalerie n'est plus ce qu'elle était mais les hommes du 33ème siècle, même les pirates, n'osent pas violer ou voler les filles nées libres. Il en va tout autrement pour les esclaves, bien entendu, et leurs corps subissent la honte et le déshonneur, pour le bien des femmes libres. Cela dit, cela n'en reste pas moins un environnement hostile et impitoyable pour toute jeune fille laissée à son propre sort dès le départ des transports impériaux. Si elle a de la chance, un homme robuste lui offrira sa protection et elle pourra même espérer qu'un homme encore plus fort et mignon en plus lui proposera un mariage et l'honorera en tant que femme - même si le respect est dû à toute les femme. La raison en est que les pirates ne pillent pas pour le simple plaisir, leurs objectifs sont simples, à savoir enfanter des fils et fonder leurs propres dynasties. Ainsi, beaucoup de colonies privées sont un peu plus que d'anciennes bases impériales. Des rumeurs existent concernant des frégates mutines, arrachant l'insigne impérial de leurs vaisseaux et prenant fait et cause pour les systèmes indépendants. Le service d'information impérial affirme qu'aucun vaisseau militaire ne s'est rebellé depuis plus de quatre cents ans, mais ce n'est sans doute pas vrai ! Un officier impérial de faible rang, soit quelqu'un qui n'est pas de noble lignée, est tout à fait au courant de l'équilibre des forces au delà des colonies frontalières. Le vaisseau impérial est craint, pas l'uniforme.

Il est triste de constater qu'aucun de ces systèmes abandonnés par les gouvernements et la police n'ait su se développer pacifiquement. Enfin, pas tout à fait, mais ceux qui ont réussi ont été des cibles faciles. De nos jours, les idéalistes utopiques s'aventurent de plus en plus loin et vont même au delà de Riedquat, dans des zones connues seules des elites, comme vous devez le savoir mon cher ami. Le partenariat avec une société pourrait être idéal, mais des siècles de conflit ont rendu pour certains le dépôt des armes impossibles, sans parler de vouer leurs vies à une cause supérieure. Peut-être que c'est dans leur ADN ? Une colonie connue sous le nom de Agrippinensis Majoria a vécu pendant trois générations sans aucun armement, ses citoyens conduisant leurs affaire sans armes et se serrant même la main, comme en l'ancien temps[7]. Quand les pirates ont finalement pu trouver les coordonnées correctes du système (ils n'ont pas accès aux cartes galactiques des gouvernements) et qu'ils y ont sauté, ils ont rencontré une société entièrement basée sur la psyché, qui vénérait ses femmes et qui fondait toute sa capacité de production sur le concept de don. Les hommes construisait des choses et se les offraient les uns aux autres. Les femmes étaient honorées et vivaient de longues années. Au début, les pirates ne surent que faire car il n'y avait pas grand chose à détruire et encore moins à piller ou à prendre en otage. Finalement, la grâce des femmes était telle qu'ils ont été submergés par la superstition (la faiblesse du pirate). C'est à ce moment qu'une eclipse se produisit, prévue par les natifs mais non par les pirates et ils ont alors interprété ce fait comme un terrible avertissement de ne pas attaquer cette colonie. Ils ont payé un tribut aux temples locaux, laissant des pièces d'or malgré l'absence de richesse évidente. Ainsi va la modestie des anciens Dieux.

Cela dit, Agrippinensis n'est plus qu'un exemple historique. Les petit-fils de ces pirates sont revenus un jour et, cette fois, ils n'ont rien laissé émousser leur hostilité. Quand les anciens leur ont demandé "Par quel droit venez-vous voler notre société pacifique et asservir nos gens ?", la réponse fut "Tout appartient à celui qui apporte la justice à la pointe de ses lasers !", ce qui vous explique leur mentalité. Et l'endroit fut rasé jusqu'à la dernière hutte et tous les habitants vendus comme esclaves, les pirates rendus furieux par l'absence de richesse à piller. Malgré tout, le sentiment religieux a refait surface parmi les pirates et beaucoup d'entre eux trouvent aujourd'hui encore un certain réconfort en vénérant leur étoile locale, en prenant le nom pour le transmettre à leurs fils, se l'appropriant. Mais pour conclure sur le fait que la piraterie est apparue à cause de l'abandon des colonies encore trop jeunes par leur gouvernement ne sachant pas que des conseils et une protection leur étaient toujours nécessaires. En effet, même en cette fin de siècle, une petite flotte pirate peut être un grand danger pour une entreprise humaine. Et quand une société doit s'armer, se fortifier et investir jusqu'à se dernière ressource pour sa défense, tout autre développement est impossible.

Pourquoi est-ce toujours autorisé ?

La Fédération se préoccupe davantage de la protection de ses colonies les plus vulnérables et du coup, quelques groupes plutôt bizarres fleurissent sur les autres. YZ Canis Minoris est un système dans lequel un gouvernement proche de l'idéal communiste s'est développé, tandis que de son côté l'étoile de Van Maanen est une société religieuse et arriérée. Si la Fédération tient à coeur la protection de ses colonies, c'est parce que ses puissantes corporations commerciales ne sont plus en mesure de combattre le nombre en sans cesse augmentation de pirates. Et naturellement, les pirates et le commerce ne font pas bon ménage. Sans compter le prestige du gouvernement fédéral qui est mis à mal à chaque fois que les colons reviennent après avoir fui leurs assaillants, cherchant un refuge et criant haut et fort avoir été abandonnés. Ainsi on ne peut pas vraiment dire que la piraterie est autorisée. Les deux gouvernements la combattent mais avec plus ou moins d'entrain, alors ça arrive malgré tout. De temps en temps, ils frappent un grand coup en effectuant des opérations contre les cités pirates majeures, capturant les meilleurs pilotes et les chefs les plus charismatiques.

Est-ce que les super-puissances galactiques peuvent ou doivent faire quelque chose ?

Oui. Ils peuvent monter des opérations militaires pour combattre les pirates. De telles expéditions sont assez courantes dans les zones fédérales, mais la marine n'est pas sollicitée donc les informations sont éparses et classifiées. A la place, ils emploient des forces terrestres, hautement mobiles et équipées avec des armures renforcées et du gros calibre. Des contractuels privés sont employés pour les amener jusqu'à leurs zones d'atterrissage et leurs exploits sont souvent cités avec admiration. Ils se posent sur une planète, loin de toutes habitations pour éviter d'être détectés (les pirates ne patrouillent pas l'intégralité de leurs planètes) et ils utilisent ensuite des tactiques militaires conventionnelles et leur entraînement supérieur pour prendre de force la base pirate, exécutant tout le monde, torturant les leaders locaux et détruisant tout ce qui a de la valeur et qu'ils ne peuvent pas amener. Ces hommes maintiennent une alliance minimum avec la Fédération, c'est à dire seulement de chèque en chèque. Souvent, si ils trouvent le climat et l'atmosphère agréables, ils resteront et deviendront les nouveaux pirates locaux. Plus rarement, ils se rendront compte que leurs cibles sont de la même lignée et ils joindront leurs forces. Ainsi, une mission militaire pour éliminer la menace peut finir par la renforcer.

Pourquoi ne pas utiliser la marine ? Tout simplement en raison du coût. Ils peuvent assembler des escadres, mobiliser un croiseur ou deux, peut-être même envoyer une poignée de frégates, mais les frais d'opérations incomberaient aux citoyens par le biais des impôts. Et comme si cela ne suffisait pas, les pirates établissent leurs défenses en vue d'un assaut aérien et spatial, ils sont bons tireurs et meilleurs pilotes encore. Ils peuvent facilement surclasser les fédéraux inexpérimentés, volant sur d'antiques Kestrels, qui sont envoyés contre eux. Et comme les meilleurs pilotes fédéraux, à bord de leurs Hawks, ne perdent pas leur temps sur la frontière, à moins d'une disgrâce...

La marine impériale, comme nous l'avons établi, est bien plus tolérante en ce qui concerne ses frontières car cela fournit non seulement une zone tampon parfaite mais aussi des champs d'entraînement en conditions réelles. Les expéditions impériales contre des enclaves pirates sont courantes, la marine impériale étant immense et avide d'expérience. Un roman que j'ai écrit dans la sixième année de ce siècle, titré HIMS Industrious, détaille une campagne contre des pirates vétérans dans le système Anayeth.

Comment des systèmes tels que Riedquat et Leesti sont devenus pareils ?

Comme nous le savons, Riedquat et Leesti sont connus pour être des lieux sans foi ni loi. Lave et, dans une moindre mesure Diso, font aussi partie de qui s'est auto-proclamé le Collectif de Lave, un nom inoffensif pour une réalité dangereuse, qui tient plus du bain de sang que du collectif. La planète Lave, de type Terre, est leur résidence et a atteint un niveau de développement et une population semblables à un système comme Ross 154. Cependant, c'est une société militante, bien qu'elle ne soit pas répertoriée dans les Livres de l'Empire ou dans les rapports de la Fédération. Il y est courant de prendre les enfants de quatre ans à leurs mères et, après endoctrinement, de les entrainer militairement dès l'âge de sept ans. Vers dix-sept ans, si le garçon n'est pas capable de s'acquitter tout seul de ses basses besognes et d'effectuer assez de pillages pour lui et pour son vaisseau, il est envoyé dans les mines de minerais, dans les vaisseaux d'écopes ou dans les plantations. Plusieurs campagnes ont été organisées par le passé, mais en raison de l'éloignement avec leurs bases, les flottes militaires perdaient tout effet de surprise. Les pirates, eux-mêmes des pilotes aguerris, se retrouvaient encerclés dans un amas stellaire et choisissez alors de fortifier leurs planètes. Les zones de non-droit à l'extérieur de ces fortifications n'est en rien une sinécure. A l'intérieur en revanche, la vie est plutôt paisible. Les femmes n'y sont pas sans morale et tiennent à distance toute personne qui souhaiterait les enlever à leurs familles. Ainsi, que ce soit Leesti, Lave, Riedquat ou Diso, la défense des systèmes stellaires est un objectif principal et le pillage est organisé à tour de rôle par les chefs tribaux. Comment autrement pourrait-ils maintenir de telles flottes et camps d'entraînement sans un dispositif organisé pour la distribution des richesses ?

Est-ce que les commandants de rang Elite comme vous et moi devraient voyager vers ces systèmes pour les nettoyer un peu ? Est-ce que cela fait vraiment une différence ? Dans le cas de Riedquat, je vais dire que non ! Mais je sens que je rend un service à l'humanité en faisant un peu de ménage dans ces systèmes.

Sachant qu'ils se considèrent comme des gens civilisés, il est sage de s'adresser poliment à un pirate. Débarquer dans Riedquat tous canons dehors et faisant feu de tout bois en prétendant "éradiquer la peste galactique" n'est rien d'autre que de l'orgueil. Contrairement à la croyance populaire, les pirates ne tuent pas toujours. Quand ils opèrent dans les zones qu'ils se sont attribuées, ce n'est que pour piller, c'est à dire que ce qu'ils recherchent, c'est vous, votre vaisseau et votre cargaison. Et c'est le carburant militaire qui est le plus prisé car il est le plus difficile à raffiner. Si vous êtes capable et robuste, ils feront de vous un esclave et, si vous vous êtes battu vaillamment, il vous respecteront pour ça. En revanche, si vous un couard docile, ils n'hésiteront pas beaucoup avant de vous tuer par simple plaisir. Si vous êtes une femme, vous serez immédiatement amener auprès du chef tribal sans être blessée car, bien que cela puisse changer d'un système à l'autre, les pirates ont interdiction de lever la main sur vous. Les chefs vendent rarement leurs captives comme esclaves, même si celles en âges d'enfanter sont souvent offertes comme épouses. Les plus hardies travailleront sans doute dans une plantation, avec un traitement de faveur par rapport aux hommes. Bien entendu, les pirates n'obéissent à aucune loi et ne sont pas surveillés et du coup, il y en a toujours qui préfèrent assouvir leur libido ou leur besoin de violence plutôt que d'écouter leur conscience et leurs règles.

Est-ce rendre un service que tuer un pirate ? Eh bien, il faudrait en tuer beaucoup pour faire une différence, et les lois de la sélection naturelles s'appliquent ici aussi. Vous pouvez, mais les pirates que vous tuerez seront sans doute les plus lents et les moins bien armés, soulageant ainsi leur communauté qui n'aura plus à soutenir les plus faibles et pourra se concentrer sur les plus forts. Mais il est vrai qu'ils ne peuvent pas se permettre de perdre continuellement des hommes, sachant que ces pertes diminuent avec l'âge des pirates. En effet, un pirate avec une famille est évidemment plus prudent. Malgré tout, l'utilité d'un pirate diminue très rapidement une fois que son fils est en âge de se battre. Mourir au combat est un grand honneur dans cette société et souvent, un ancien prend son antique vaisseau et part combattre jusqu'à la mort, exhibant ses compétences et honorant ainsi ses successeurs. Finalement, tuer un tel pirate revient à lui rendre un service et chaque mort que vous provoquerez sera vu comme un sacrifice à la cause des pirates. Vieillir et mourir d'infirmité n'est pas une option pour une pilote. Et de toute façon, croyez-moi, ils sont tellement nombreux qu'il ne faut pas espérer faire une différence, à moins de sacrifier sa vie pour essayer d'accomplir ce que les deux superpuissances galactiques n'arrivent pas à réussir ! Je ne veux pas dire que nous sommes moins bons pilotes, mais nous venons du monde civilisé. Peut-être que nous cherchons nous aussi des conseils et guide auprès d'un chef ou d'un shaman, mais nous ne pouvons pas cautionner l'esclavage en tant que tel. Bien que j'ai moi-même piloté un Imperial Courier dans le couloir de Vequess[8], dans mes jeunes années, je n'ai jamais ciblé des voyageurs libres ni je me suis approprié une zone de l'espace, attaquant à vue tout vaisseau qui oserait y pénétrer. Je vais vous dire, coupez vos lasers et montrez un peu de retenue. Les pirates ont une société propre et ils ont prouvé qu'ils étaient capable de se défendre et de construire quelque chose de durable. Nous devons les respecter comme nous nous respectons. Enfin, en théorie du moins. En attendant, si vous devez retourner dans ces systèmes abandonnés, n'hésitez pas à tuer car c'est ce qu'on attendra de vous et un pirate est toujours prêt à mourir. Une fois que le combat est engagé, il n'est plus question d'un service à l'humanité, c'est un combat entre vous et lui, un homme contre un homme, lasers contre lasers. Tentez de cesser de le combat et de fuir, cela ne fera qu'exciter encore plus votre adversaire. C'est d'ailleurs quelque chose qui les rapproche des pilotes de la police. Bien entendu, vous pouvez vous battre uniquement pour la prime, vos finances ne concernent que vous, mais pour ma part, j'apprécie toujours une bonne bagarre, même si la dernière remonte maintenant à plusieurs années. Et puis, je n'aime pas trop récupérer les primes, parce que cela revient à informer les autorités de votre présence à un moment donné à un endroit donné. Finalement, avant que je termine, gardez en tête que si on s'aperçoit que vous passez beaucoup de temps dans les systèmes pirates, votre immatriculation sera notée et vous serez enregistré comme pirate par les autorités. Les pirates se battent entre eux vous savez. Si vous vous y rendez, conscient de ce qui vous attend, est-ce que cela ne fait pas de vous un pirate vous-même ? Un chasseur de prime ? C'est sans doute pire qu'un pirate. C'est un homme qui ne s'installe pas pour fonder une famille mais qui préfère aller de système en système pour "cueillir" des pirates, récupérant les butins et, au final, devenant un anonyme parmi les hommes.

Ici, le manuscrit s'arrête. Les notes suivantes devraient apporter quelques éclairages supplémentaires sur le sujet.

[1] Vers la fin du 31ème siècle, une délégation a été envoyé de Olympus City vers Duval. Ils ont été chaudement reçus si on considère les tensions historiques entre les deux puissance et ont proposé un plan pour qu'un système de balises relais soit conjointement financé par les trois gouvernements de Sol, Achenar et Alioth. Un entrepreneur avait tracé les plans d'un petit dispositif pouvant être construit rapidement, à moindre frais et pouvant se propager à travers l'espace et le temps humain grâce à la technologie arachnide. Grâce à une petite quantité de plasme scellée dans l'objet, celui-ci possède assez d'energie pour une éternité. Que ce soit pour les militaires, les hors-la-loi ou les indépendants (les citoyens lambda ont une conscience et n'ont pas besoin de lois), il ne manquait qu'un cadre juridique pour exhorter tous les pilotes à respecter ces balises, à ne pas les chercher ni les détruire. Au contraire, ils ont été encouragé à diminuer la puissance de leurs propres transmetteurs, économisant du carburant, pour laisser le système faire son travail. Ca a fonctionné. Achenar financé le projet pour ne pas être laissé de côté et tout à fait conscient qu'avec cette alternative, les convois impériaux n'auront plus à utiliser le réseau militaire. Cette 'loi' était plus une directive, publiée au nom de Duval, qui rendait tout vaisseau aperçu à proximité d'une balise serait sujet à extermination. A l'aube de 3201, il était possible de communiquer avec l'autre bout de la galaxie, clairement, gratuitement et avec une latence sans comparaison avec celle de la vitesse de la lumière. C'est là la puissance de la technologie arachnide, une puissance telle qu'elle ne doit pas être dévoilée à l'humanité si ce n'est dans quelques rares cas, servant alors de propagande pour les dictatures scientifiques.

[2] Il faut noter que c'est la politique du gouvernement impérial d'équiper tous ses vaisseau avec ce système d'ici vingt ans. Toutes les informations sont actuellement transmises au commandement central et leurs IA sont maintenant assez puissantes pour ne pas être ignorées. Dans cet exemple, nous avons un homme du nom de Nakajima pilotant un Constrictor et qui a abattu, dans l'ordre, un Eagle Mk.III et un Moray Starboat.

[3] Un résultat favorable a certainement été atteint par diplomatie et persuasion avant que l'escalade militaire ne soit nécessaire. Souvenez-vous que Sol est identifié comme le berceau de l'humanité, que ce soit le cas où non. Et dans Sol, il y a Mars et la Terre, sièges du gouvernement fédéral.

[4] L'exploitation minière se pratique dans chaque système stellaire. La distinction est ici purement économique car c'est pour ça que les décisions sont prises. Si vous êtes dans la Fédération et que vous vivez ailleurs que sur Sirius, vous n'avez pas le droit de raffiner de l'hydrogène pour le transformer en carburant. Vous pouvez acheter un vaisseau et le faire dans l'espace, mais vous ne pouvez pas construire d'installations à la surface d'une planète, quelle qu'elle soit. Là on peut voir comment Sol s'est aliéné le reste de l'humanité, particulièrement au sein de la Fédération en donnant à ses citoyens une raison de ne pas travailler. Bien entendu, le fait que du carburant pourrait être accessible à tout le monde gratuitement est passé sous silence. L'humanité se préoccupe plus de faire payer ceux qui ne payent pas plutôt que de remettre en question le fait que personne n'a la possibilité d'utiliser de nouvelles technologies.

[5] Bien que ce soit une référence soit à l'ancienne flotte maritime ou à un bug d'affichage qui rendait l'espace bleu plutôt que noir sur les écrans, le bleu est avant tout la couleur de la marine impériale.

[6] Ce n'est pas la bibliothèque originelle d'Alexandrie mais plutôt un complexe construit en son honneur. Localisée sur une planète neutre de Delta Pavonis (-0,9 ; -1,7), il s'y trouve archivées de grandes quantités de données. Régulièrement, à un intervalle d'environ trente trois années lumières, l'humanité construit des complexes semblables sur quelque planétoïde rocheux comme des sites miroirs, mais aussi pour comme phares pour ce qui suivra (le réseau est partagé avec le réseau de balises mentionné auparavant).

[7] C'est le seul endroit connu ou la poignée de main était utilisée au sein d'une société humaine.

[8] L'auteur se réfère ici à au commerce d'esclaves, bien connu, infame mais lucratif, entre Vequess et Facece. Il semble qu'il est bâtit sa fortune ainsi.